Le Père Giustino BETHAZ, S.J.

Témoignage sur le Père Giustino BETHAZ, S.J.


(11 AVRIL 1929, Valgrisanche (Val d’Aoste, Italie) ; 14 AVRIL 2021, Antananarivo, Madagascar)
« En todo amar y servir ! » pourrait être la devise de sa vie, « En tout aimer et servir ! ». Giustino fait partie de ces grandes familles catholiques du Val d’Aoste, au nord de l’Italie, « nombreuses, mais unies », écrit-il. Ils étaient 8 garçons et 7 filles, mais quatre enfants meurent en bas âge. Néanmoins, quand Giustino atteint 90 ans, il y a encore « trois frères et trois sœurs » vivants, une de ses sœurs, Anita, fait partie de la congrégation des Sœurs de Saint Joseph d’Aoste, en Italie. Giustino est « né à 1700 m », au petit hameau de Beauregard, sur la commune de Valegrisanche, tout contre le massif du Mont-Blanc. « La Bethaz » (prononcer « Bèta ») forme une division (« frazione ») de la commune de Valgrisanche. Son père, Edoardo Bethaz, était agriculteur et faisait marcher aussi une scierie de bois de construction ; la région – profonde vallée et pentes raides – est pleine de forêts. Il décèdera en 1959. Le jeune Giustino commence sa scolarité « à la maison », avec sa mère, Sidonia Savoye, pendant trois ans (1936-1939) puis descend la vallée pour deux ans à l’école communale de Valgrisanche (1939-1941). « J’ai reçu la Première Communion et le Sacrement de Confirmation à l’âge de 10 ans. A 12 ans, en 1941, je suis parti pour l’Ecole Apostolique à Muzzano, au nord de Turin, pour cinq années d’études secondaires (1941-1946) ».
Sans doute il y mûrit sa vocation à la Compagnie, car il entre au Noviciat des Pères Jésuites à Cuneo le 18 septembre 1946 (il aurait eu « 75 ans de vie religieuse », le 18 septembre dernier).Le Père Giustino enchaîne la formation classique des Jésuites, Juvénat de 3 ans à Cuneo (1948-1951) avec ses Premiers vœux, le 6 janvier 1949, devant le P. Henrico Trabucchi. S’ensuivent trois ans de Philosophie à Gallarate, au nord de Milano (1951-1954).


« Connaître pour Aimer… »
En 1954, « j’avais demandé d’aller au Japon, mais j’ai été envoyé à Madagascar ». Après trois semaines de bateau, au départ de Marseille, et le tour de l’Île par le Nord, depuis Majunga par Diégo, il arrive à Tamatave le 25 septembre 1954, avec cinq compagnons, dont le Frère Sesto Galliano (+2001). Le jeune jésuite Giustino Bethaz est en régence pour trois ans au Collège Saint Michel, division des moyens : « il fallait obliger les adolescents à parler français. Mais moi je voulais étudier la langue malgache. J’ai obtenu deux heures par semaine (avec Mr Rajemisa) ». Il dût écourter la fin de sa régence à cause d’une forte typhoïde contractée fin 1956.
On le renvoie se soigner en Italie, où il entamera ses études de théologie, à Chieri, Torino. Il aura parmi ses professeurs le futur Cardinal Carlo Maria Martini. Le 10 juillet 1960, il est ordonné prêtre, avec 10 autres jésuites, par le Cardinal Frossati, dans l’église du Théologat de Chieri. La Première messe fut célébrée à Villeneuve, commune limitrophe de Valgrisanche, où la famille s’est repliée au hameau de Champ Rotar.

«…Aimer pour mieux Connaître »
Le P. Bethaz rentre à Madagascar et se voit confier la direction spirituelle de l’Ecole apostolique (70 élèves aspirants), à Analamahitsy, en même temps qu’il est curé de la paroisse voisine Fanahy Masina pour construire l’église actuelle, ainsi que « la Sekolintsika, avec l’aide de cinq Sœurs de Saint Joseph d’Aoste, en 1965 ». Une fois l’église et l’école des Soeurs construites, il est nommé curé à Sabotsy-Namehana (Décembre 1970-1972). Il obtient du Provincial, A. Rahajarizafy, une année de perfectionnement du malgache qu’il fait à Tsaramasoandro en 73-74. Il assumera la charge de vicaire de la paroisse St Etienne d’Ambanidia pendant deux mois (janvier – février 1973). Aux status de 1974, il est nommé Vice-supérieur des maisons d’Analamahitsy et directeur du Centre spirituel Saint Ignace. Cela durera une année, car il est appelé à la Principauté de Monaco, comme aumônier du Lycée Albert 1er. Il y restera jusqu’en 1980. Il y développera ses talents d’animateur des jeunes avec la Chorale et des cours d’approfondissement biblique tous les mois.
Rappelé à Madagascar en 1980, « j’ai été nommé aumônier du Centre Universitaire Régional de Fianarantsoa, en même temps directeur des Editions Ambozontany », sises à Mahamanina. Il lance, entre autres choses, le Mouvement International des Etudiants Catholiques (M.I.E.C.) qui s’étendra ensuite dans tout Madagascar et stimulera beaucoup l’aumônerie universitaire de Madagascar.
En 1988-1989, il obtient du Provincial de déménager les Editions à Tanà, en construisant la nouvelle maison à Analamahitsy. En étant à Antananarivo, il ne délaisse pas pour autant l’aumônerie universitaire qu’il seconde. Ses anciens étudiants de Fianarantsoa (Informatique, MIEC) sont déjà dans le monde du travail et lui demande de les accompagner. Lui vient l’idée de lancer le Mouvement Chrétien des Cadres et Professionnels (M.C.C.P). Ce fut une réussite.
En 1995, le P. Béthaz fait un séjour prolongé en Italie..
Il revient quelques mois en 2010, à Analamahitsy, mais sera complètement stable à partir de 2014, comme adjoint au directeur, sinon même comme directeur par interim… .
La dernière œuvre importante du P. Béthaz fut de renouveler une des plus glorieuses œuvres des premiers temps d’Ambozontany, le « Dictionnaire historique et géographique de Madagascar », de Régis Rajemisa-Raolison (son professeur de malgache !), avec l’aide technique du P. Nicola Giambrone et paru en 1966 à Fianarantsoa.
Lors de ses quatre-vingt-dix ans, en 2019, Giustino Béthaz disait : « Jamais seul ! Si ces œuvres ont abouti ce n’est pas mon mérite personnel, mais celui de mes Compagnons Jésuites et les laïcs, jeunes et adultes, qui ont lancé, approuvé et collaboré à réaliser ces initiatives. Je peux affirmer que pour moi tout a été positif, aussi les moments sombres et éprouvants. Toujours l’Esprit-Saint m’a éclairé et guidé : il m’a donné la force pour affronter les situations inattendues. … A la plus grande gloire de Dieu ! »

N.P.
16 avril 2021